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Perspectives
ment lors de blessures. A la même
période, un laboratoire américain a
aussi démontré qu’il était possible
de guérir des souris et des chiens
atteints d’hémophilie B par une
thérapie génique impliquant le
Facteur IX (Herzog et al., Nat Med.
1999
Jan;5(1):56-63 & Snyder et al.,
Nat Med. 1999 Jan;5(1):64-70).
Nous avons également récemment
pu prouver qu’il était possible
de soigner des singes Rhésus en
incorporant dans leurs cellules
hépatiques du facteur IX humain.
De manière intéressante, des taux
suffisamment élevés de Facteur IX
pour contrôler les hémorragies (30
à 40%) ont pu être détecté dans
leur sang. Des résultats analogues
ont démontré la capacité de main-
tenir des taux stables de facteurs de
coagulation dans d’autres modèles
animaux. Les bases étaient donc
posées pour démarrer les premi-
ères études cliniques chez l’homme.
Un pas important a été franchi
en démontrant l’incorporation
du gène du Facteur IX dans les
cellules hépatiques de patients
hémophiles B, toujours en utilisant
la technique des vecteurs viraux
(
Nathwani et al., N Engl J Med.
2011
Dec 22;365(25):2357-65).
Pour la première fois, il fut possible
d’obtenir, après une seule “séance”
de thérapie génique, une production
prolongée de Facteur IX, avec
des taux entre 4 à 11% pendant 6
mois. Mieux encore, les patients
ont souffert de
moins
d’épisodes
hémorragiques et ont donc dû
recevoir moins de Facteur IX. Seuls
des patients n’ayant jamais développé
d’inhibiteurs
après
traitement
substitutif classique avaient pu
participer à l’étude. In n’est donc
pas surprenant qu’aucun d’entre eux
n’ai développé d’inhibiteur après la
thérapie génique.
Cette étape important n’équivaut
pas encore à une guérison. Il faudra
encore “booster” davantage les
taux. Par ailleurs, certains patients
traités ont développé une réaction
inflammatoire hépatique qui a dû
être traitée par des médicaments
adéquats. Dans notre unité de
recherche, nous sommes activement
occupés à tenter de contourner
ces difficultés pour aboutir – nous
l’espérons – à une véritable guérison
de l’hémophilie B.
Pouvons-nous extrapoler ces résul-
tats cliniques à d’autres maladies de
la coagulation, comme l’hémophilie
A ou la maladie de von Willebrand?
Ce sera plus difficile, en raison de la
taille du Facteur VIII et du Facteur
de von Willebrand, beaucoup plus
grande que celle du Facteur IX,
donc plus difficile à faire produire.
Néanmoins, nous progressons et
nous sommes «raisonnablement
optimistes».